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Histoire de la constitution du fonds de controverse religieuse

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Une collection du recteur Fleury Lavallée (1870-1961)

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Portrait du recteur Fleury Lavallée

Fleury Lavallée (1870-1961) était originaire de Néronde, bourgade du Forez. Bien que très attaché à sa petite patrie, il partit faire ses études au grand séminaire de Lyon, et fut ordonné le 18 mai 1894, probablement avec dispense puisqu’il n’avait pas les 25 ans requis pour être prêtre. Agrégé en 1899 à Paris, il devint professeur de latin en 1900 à la demande du recteur des Facultés catholiques de Lyon, Mgr Pierre Dadolle (1857-1911). En tant que vice-recteur, il assista son successeur Mgr André Devaux (1845-1910), jusqu’à ce que ce dernier meure à Rome en janvier 1910. Il fut alors appelé lui-même à occuper la fonction de recteur des Facultés catholiques de Lyon de 1910 à 1945.

Dès lors, l’abbé Lavallée procède au développement d’un certain nombre d’enseignements. En 1919, il s’agit de la fondation de la section d’histoire et de géographie de la Faculté des lettres, un peu avant l’enseignement des langues vivantes ; puis en 1935, c’est l’ouverture des Facultés de philosophie et de droit canonique. Ces mesures amènent l’arrivée de Léon Cristiani, prêtre du diocèse de Moulins et auteur d’une thèse sur l’évolution de Luther de 1517 à 1528. Doyen de la Faculté catholique des lettres de 1926 à 1947, il entretient avec Mgr Lavallée des liens étroits fondés sur leur goût commun pour l’époque des controverses liées à la Réforme.

 

Le goût des controverses

Le recteur Fleury Lavallée se pencha avec d’autant plus de passion sur le sujet des controverses qu’il trouva parmi les figures de la controverse un de ses compatriotes : Pierre Coton (1564-1626), jésuite né également à Néronde. Son intérêt pour le controversiste se manifesta notamment par l’achat de publications ayant pour auteur le père Coton ou traitant des controverses des XVIe et XVIIe siècles, qu’il confia à une dame de la bonne société forézienne. Outre l’importante collection qu’il constitua et qui compose aujourd’hui le fonds de controverse de la bibliothèque, Mgr Lavallée prit également la parole au sujet de cette personnalité qui l’a tant intrigué.

Il donne en 1903 aux Facultés catholiques de Lyon une conférence intitulée Le père Coton, prédicateur (1564-1626). Puis, le 20 mars 1917, son discours d’intronisation à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon porte sur la controverse qui a opposé, à partir du 26 septembre 1600, Pierre Coton et Daniel Chamier, pasteur de Montélimar.

L’intérêt pour les publications polémiques écrites à l’époque de la Réforme n’a pas été le seul critère de constitution du corpus établi par Fleury Lavallée. Mgr Lavallée s’est intéressé plus largement à la réflexion théologique du Grand Siècle : dans le fonds, la polémique écrite, parfois virulente,  côtoie des ouvrages de controverse savante au ton plus mesuré. 

 

 

La redécouverte du fonds

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Le fonds d'ouvrages de controverse initialement repérés

Notre collection de 25 000 livres anciens, c’est-à-dire imprimés avant 1830, compte plus de 300 ouvrages qui constituent le fonds de controverse religieuse. Malgré la mise en place, en 2010, d'une nouvelle cotation de la réserve de l'ancien site de Bellecour et les différents déplacements physiques liés à l’histoire de la bibliothèque, comme le déménagement des collections en 2015, ce fonds est aujourd’hui conservé dans la réserve de la bibliothèque du campus de Saint-Paul.

Le maintien groupé de cet ensemble de documents a joué un rôle crucial dans la reconstitution de cette collection. Afin de reformer ce fonds, des actions ont été menées sur deux fronts pour retracer son histoire : parfaire les descriptions bibliographiques de ces documents dans notre catalogue, chercher d'autres ouvrages susceptibles d'avoir été déplacés et rechercher les preuves formelles du don de Fleury Lavallée.

 

Un don du recteur

Un travail conséquent de lecture systématique des revues publiées par notre institution a permis de trouver deux articles mentionnant le don du recteur. Le premier, publié en 1945 et signé de la main de Joseph Michel, directeur de la bibliothèque entre 1947 et 1961, évoque « De précieux dons lui sont venus de Mgr Le recteur… »[1] qui correspondent au départ de Fleury Lavallée en novembre 1945. Le deuxième article, plus tardif puisque publié entre 1985 et 1987, nous informe que le recteur « étudiait le Père Coton, auteur et originaire comme lui de Neulise. […] dixit le Père R. Etaix le 24 avril 1986 »[2].

Toutefois, l’élément majeur qui a permis de confirmer le don du recteur se trouvait dans ses archives personnelles. De sa main, écrit sans équivoque, il informe « Remis à M. Michel, Bibliothécaire en chef des Facultés catholiques le 24 octobre 1956. I. Controverse catholiques-protestants au temps d’Henri IV. 192 volumes (catalogue joint) ». Le-dit catalogue n’étant hélas pas joint au dossier, une liste sommaire accompagnait le document et  il a fallu se livrer à un véritable jeu de piste pour retrouver tous ces ouvrages disséminés pour partie dans tous les magasins de la bibliothèque.

 


Enquête sur les particularités d’exemplaires

Le travail de catalogage mené conjointement à cette étude a permis d’augmenter considérablement le nombre des documents identifiés comme des ouvrages de controverse. Ce repérage et l'étude des particularités d'exemplaire ont permis de reconstituer la collection des ouvrages de controverse donnée par Mgr Lavallée à notre établissement.

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La collection reconstituée

Ainsi, les étiquettes au nom de libraires sur les contre-plats, les chiffres qui pourraient correspondre à des prix, les extraits de catalogue de librairies anciennes où figurent la description de nos exemplaires et les ex-libris d’anciens possesseurs particuliers sont autant d'indices qui ont permis la reconstitution de la collection de Fleury Lavallée.

De plus, il a fallu réaliser une véritable « chasse aux étiquettes ». Il s’avère en effet que les ouvrages du « fonds initial » présentaient sur leur dos des étiquettes rondes et bleues portant des numéros. L’examen systématique des monographies de la bibliothèque a montré que ce marquage (constitué soit de chiffres, soit de lettres) de ces étiquettes pouvait être discontinu. Par ailleurs, quelques obstacles à la reconstitution exhaustive de ce fonds se sont manifestés : la numérotation ne suit pas la chronologie d’acquisition des livres, cette mise en place des étiquettes semble avoir été faite par lot - d’une même main, en noir à traits épais mais parfois écrit en rouge, parfois illisible ou manquant - et certains ouvrages portaient parfois le même numéro. De plus, tous les ouvrages ne sont pas dotés d’étiquettes.

Ces recherches systématiques ont permis malgré tout de repérer 180 volumes sur les 192 mentionnés par Fleury Lavallée. Parmi eux, de nombreux recueils factices, des pamphlets de petite taille, des éditions (de qualité parfois médiocre) constituent un ensemble plutôt représentatif de ce qui pouvait être écrit par les partisans des deux Églises du XVIe jusqu’au XVIIIe siècle.

Rubrique conçue et réalisée par Marie Servillat, étudiante en stage à l'UCly en juin 2022