Les canevas de conférences sont à l'œuvre de Gustave Thibon ce que les esquisses sont aux toiles ou aux sculptures des artistes : souvent conçues comme simples outils de travail, elles survivent, par leur valeur intrinsèque, à leur emploi.
[...]
Ainsi des textes que nous proposons ici aux lecteurs : Gustave Thibon ne les a écrits que pour lui-même, à seule fin d'affermir son discours lorsqu'il parlait en public. Précaution utile, car il improvisait beaucoup... Mais de même que la nudité du trait, s'il est juste, fait ressortir le pouvoir miraculeux de la main, le dépouillement de la phrase accusera ici celui de l'intelligence. Et Gustave Thibon a l'intelligence contagieuse ! Il nous donne de comprendre tout ce qu'il nous donne à comprendre. On remarquera qu'ici, où il n'est guère question que de sujets "terre à terre", sociaux ou politiques, Gustave Thibon emploie, certes, son légendaire bon sens à la juste exposition des problèmes, à la claire formulation des questions (ce qui relève d'une sorte de bon sens inspiré qui n'a vraiment rien de commun avec le gros bon sens ordinaire) mais qu'en revanche, il n'entrevoit jamais l'ombre d'une solution qui n'exige de la part des hommes un minimum d'ouverture à une autre dimension - une dimension spirituelle, religieuse, hors de laquelle tout se complique à l'infini, rien ne peut être dénoué. (4e de couverture)